dimanche 1 décembre 2013

Pour le nouvel an, un conte de Saint Eloi



Cette année, la fête de Saint Eloi (le 1° décembre) tombe le premier dimanche de l’Avent, premier jour de l’année chrétienne. A cette occasion, j’ai envie de vous faire découvrir un petit conte tiré d’un livre de contes francs comtois (« Au rendez vous de la légende franc comtoise » page 65)

Bonne année à toutes et tous !


Pour en savoir plus sur Saint Éloi, vous pouvez interroger P’tit Eloi ici (clic) ou ici (re clic)



 
Comment saint Pierre rabattit l'orgueil de saint Éloi
Éloi était un forgeron fort habile. On venait de loin pour lui confier les travaux les plus difficiles. Il en devint, hélas ! très orgueilleux et écrivit en lettres d'or sur son enseigne « Éloi, maître des maîtres » et « Éloi, maître de tous ».
Dieu en fut fort fâché et décida de punir le glorieux et de détruire son enseigne par la foudre. Saint Pierre intervint
- Il n'est pas méchant, au fond ! Regardez : en ce moment, il est en train de méditer sur les évangiles. Si vous permettez, je vais simplement lui donner une leçon d'humilité.
Et c'est ainsi que saint Pierre, avec la permission de Dieu, descendit sur terre, sous la forme d'un jeune homme, après avoir dit, en passant, quelques mots à saint Georges. Il arriva devant la forge d'Éloi tandis qu'il terminait un fer à cheval.
- Qu'attends-tu là, jeune homme ?
- Maître, répondit saint Pierre (mais nul ne savait que c'était saint Pierre), j'achève mon tour de France. Je ne voulais pas rentrer chez nous sans avoir travaillé pour vous.
- Jeune homme, as-tu lu mon enseigne ?
- Oh ! oui, je l'ai lue.
- Tu sais alors qu'il n'y a pas sur terre meilleur forgeron que moi.
- C'est à la forge qu'on voit le forgeron.
- Soit, dit Éloi. Forge-moi ce fer à cheval. Mais sache qu'il suffit de trois chaudes pour en faire un aussi beau que celui-ci.
Il lui montra celui qu'il venait de fabriquer.
- Il me semble, fit doucement saint Pierre, qu'on doit pouvoir faire aussi bien avec une seule chaude.
Éloi de se gausser
- Tu me sembles bien sûr de toi, jeune homme ! Mais fais. Je te regarde. Si tu ne réussis pas, tu n'auras pas intérêt à trop traîner par ici.
Saint Pierre (on ne savait pas que c'était lui) prit une barre de métal. Un compagnon tira le soufflet. Le fer passa aussitôt au blanc. Le saint s'en saisit et, en quelques instants, présentait à Éloi une pièce admirable, plus parfaite encore que celle qu'il tenait encore en main.
Éloi la prend, la tourne et la retourne : pas le moindre défaut. Il se précipite sur un marteau et brise l'enseigne de son orgueil, la jette au feu et se retire dans sa chambre. La leçon avait été efficace. Saint Pierre aurait pu s'en aller. Il n'en fit rien, car il voulait lui en donner une seconde.
Survint un homme avec son cheval à ferrer. Éloi descendit.
- Maître, dit saint Pierre (on ne savait toujours pas qui il était vraiment), je ne fais pas comme vous. Je ferre seul et sans mettre la bête au travail. Voulez-vous me laisser faire ?
Éloi accepta. Saint Pierre tira tranquillement un couteau de sa poche, coupa d'un coup net le sabot de la bête, posa le fer et recolla sans mot dire le sabot à la patte. Les assistants, à commencer par Éloi, en restaient pantois.
Le lendemain matin, saint Pierre demande la permission de s'absenter pour assister à la messe. Éloi accepte. Peu après, arrive un chevalier (C'était saint Georges mais nul ne pouvait le deviner) monté sur un magnifique cheval qui avait perdu l'un de ses fers.
-Je suis messager du roi. Je suis très pressé. Je ne peux attendre que six minutes.
Éloi aurait bien voulu que son nouveau compagnon fût là et répétât l'opération de la veille, mais il eût fallu plus de six minutes pour aller le chercher à l'église. Il se dit que, maître expérimenté, il n'était pas plus bête que ce jeune homme et qu'il pouvait, somme toute, faire aussi bien que lui. Il prit un couteau, coupa le sabot. Le sang se mit à couler à grands jets, arrosant la forge. Le cheval, affolé, ruait, puis se roulait à terre en hennissant douloureusement.
Le soi-disant messager du roi, qui était parti entre-temps boire un pot à la taverne voisine, revint et cria au scandale
- Je vous donne un cheval pour le ferrer et vous le massacrez. Un cheval des écuries du roi!
Heureusement, saint Pierre revint de la messe et ferra la bête suivant son originale méthode.
Il resta encore quelques jours auprès d'Éloi, puis, comme les leçons avaient porté, il remonta au ciel. Peu après, Éloi abandonna son métier et s'en alla étudier. Par la suite, il devint un saint évêque.

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